Rien de spécial
Le blog de Régis

Mais pourquoi tant de haine?

Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont « débatu » ce soir.

Arlette Chabot: Quel pouvoir doit avoir un président dans un monde moderne et quel contre-pouvoir pouvez-vous installer ?

Nicolas Sarkozy: j’essaierai, si les Français me font confiance, d’être un Président de la République qui s’engagera sur des résultats. Il ne s’agit plus de dire, plus de proclamer des droits virtuels, il faut promettre aux Français des droits qui deviendront réels, des résultats.

Je voudrais aussi […;] une République où les nominations seront le fait de la compétence et non pas de la connivence. […;]

Enfin, je voudrais être un Président de la république qui limitera le nombre de mandats successifs.

Même question à la candidate:

Patrick Poivre d’Arvor : Ségolène Royal, quelle est votre conception du pouvoir et de la présidence de la République, si vous êtes élue ?

Ségolène Royal : Je souhaite sortir la France de la situation dans laquelle elle se trouve aujourd’hui. D’abord, la dette, aujourd’hui, la France est endettée, plus de 20 000 euros par Français, le nombre de travailleurs pauvres est de 2 millions et demi, la précarité s’est accrue, le pouvoir d’achat s’est abaissé, la pauvreté, 2,5 millions de Français vivent en-dessous du seuil de pauvreté, parmi eux, 2 millions d’enfants. […;]

Je veux être la Présidente de la République où l’agressivité des violences recule, une France qui va gagner la bataille contre le chômage et contre la vie chère, qui va permettre aussi que reculent les inégalités, parce que toutes ces formes d’insécurité au quotidien, d’insécurité sociale appellent de nouvelles règles du jeu, appellent un nouveau système politique, appellent des responsables politiques plus efficaces qu’ils ne l’ont été au cours des cinq dernières années et même au-delà sans doute, car je ne schématise pas l’histoire.

Assez logiquement, chacun a cherché à changer son image: Ségolène Royal est rentrée dans la posture du parent normatif, très agressive. Nicolas Sarkozy s’est fait aussi courtois que possible, tout en étant synique quand il le pouvait.

Ségolène Royal:Si je suis élue Présidente de la République, les agents publics seront protégés, et ne particulier les femmes: elles seront raccompagnées à leur domicile. […;] Non Monsieur sarkozy, je ne diminuerai pas le nombre de fonctionnaires. […;]

Nicolas Sarkozy: Dites-moi, si vous devez faire raccompagner toutes les femmes fonctionnaires chez elles la nuit…

Ségolène Royal: Parfaitement!

Nicolas Sarkozy s’est aussi efforcé de montrer le manque de financement du programme de Royal

Ségolène Royal: Je n’ai pas dit que j’augmenterai le nombre de fonctionnaires, ne déformez pas mes propos. J’ai dit que je maintenais leur nombre, mais que je les redéploierai en les retirant là où ils ne sont plus nécessaires…

Nicolas Sarkozy: Vous ne pouvez pas passer d’une fonction publique à une autre.

Ségolène Royal: Au moment du départ à la retraite, au lieu de recruter des douaniers, je recrute des infirmières.

Nicolas Sarkozy: Mais non, ce n’est pas possible, Madame. La fonction publique hospitalière est payée par un autre budget que le budget de l’Etat.

Ségolène Royal: Vous plaisantez ! Tous les fonds publics, tout se tient.

Nicolas Sarkozy: Parce que vous pensez que vous gérez l’assurance maladie?

Ségolène Royal: Non, ce n’est pas moi, mais c’est quand même de l’argent public dépensé, des cotisations payées sur les salaires.

Nicolas Sarkozy: Vous ne pouvez pas redéployer entre les collectivités territoriales et l’Etat et entre l’Etat et l’assurance maladie. Ce n’est pas vous qui décidez.

Ségolène Royal: Si vous ne pouvez pas faire, pourquoi voulez-vous accéder aux responsabilités? Et bien moi, je le pourrai.

Les deux mamouths du journal télévisé ont vite perdu le contrôle du débat, ne sachant plus que demander et se contentant d’annoncer les temps de parole:

Patrick Poivre d’Arvor: Comme vous avez rééquilibré votre temps de parole, et bien au-delà, je voudrais que l’on revienne à la première question que nous avions posée sur votre conception de la Présidence de la République et sur les institutions. Faut-il changer de République pour cela?

Arlette Chabot: Sur la croissance, si vous voulez répondre…;

Nicolas Sarkozy [décriant les 35h] C’est pourquoi l’institut Rexecode, organisme indépendant, a noté le projet économique…

Ségolène Royal: On connaît la musique! C’est l’organisme du Medef. Vous le savez bien.

Nicolas Sarkozy: Savez-vous par qui il est dirigé? Par M. Michel Didier, l’un des économistes que M. Jospin avait nommé en 1998 dans son conseil des experts.

Et alors, [

Rexecode est « parfaitement indépendant » ou  » sous la tutelle du Medef »?](http://www.20minutes.fr/article/155750/20070503-Politique-Parfaitement-independant-ou-proche-du-Medef.php)

Ségolène Royal devient réellement impolie plus tard:

Ségolène Royal : Vous ne nous avez pas dit comment vous financez tout cela, car parallèlement, vous avez annoncé une baisse de quatre points des prélèvements obligatoires, c’est-à-dire 72 milliards…

Nicolas Sarkozy: 68.

Ségolène Royal: Certains économistes l’ont évalué à 72, mais 68 d’euros, c’est déjà considérable avec l’ensemble des dépenses que vous venez d’énumérer…

Nicolas Sarkozy: Vous voulez que je réponde tout de suite ?

Ségolène Royal: Non, car on ne peut pas se plaindre de la dette et additionner les dépenses…

Nicolas Sarkozy: Voulez-vous que je réponde maintenant, madame ?

Ségolène Royal: Non.

Les imprécisions sont assez flagrantes sur la production d’électricité en France.

Ségolène Royal: Vous défendez le nucléaire, mais vous ignorez la part du nucléaire.

Nicolas Sarkozy: Non. La moitié de notre électricité est d’origine nucléaire.

Ségolène Royal: Non, 17% seulement de l’électricité.

La production d’électricité est à plus de 70% d’origine nucléaire ; tout le monde sait cela — il suffit de regarder les publicités d’EDF.

La « moitié » est un chiffre qui ne correspond à rien du tout ; tandis que 17% est la quantité de nucléaire dans l’ensemble de la consommation énergétique (électricité, transport, chauffage, industries, etc.).

Sinon, à propos des réacteurs EPR

Nicolas Sarkozy: C’est la quatrième génération.

Ségolène Royal: C’est la troisième génération. La Finlande a son prototype.

Tous les deux ont tort. L’EPR est dit de « troisième » génération. Et la Finlande a un pilote (destiné à êter conservé) et non un prototype (qui serait expérimental).

Enfin, les lapsus peuvent être assez amusants:

Nicolas Sarkozy, à propos du boulier fiscal:

Non, ce que je propose, c’est pire.

Après plusieures minutes de paroles, on finit aussi par ne plus très bien parler:

Ségolène Royal: Tout se tient, la dette et la relance économique se tient.